L’église actuelle date de 1809, on ne connaît rien de celle qui l’a précédée. Il est vraisemblable que les trois retables de la nouvelle église lui ont été empruntés.
C’est au lendemain de la révolution le 24 germinal an XI (12/04/1803) que le Conseil Municipal constate que l’église est dans un état de délabrement avancé, menaçant ruine. Un premier projet de restauration n’est pas retenu par le gouvernement. En 1808, une reconstruction totale s’impose. Le projet est estimé à 15 000 francs financé en partie : 11 500 francs par une souscription volontaire des paroissiens, le gouvernement est sollicité pour la différence. Il faut attendre le 25/08/1810, alors que les travaux sont bien avancés, pour avoir un avis favorable du sous-préfet quant à cette demande.
En 1811, le bâtiment culmine à 42 pieds (15 mètres) et le clocher n’est pas terminé, il faut 25 pieds de plus pour garantir l’ouvrage des ouragans, et pour devenir de plus un point de vue utile aux navigateurs. C’est sans doute une nouvelle aide du Sous-Préfet de 2 000 francs qui permit de boucler l’opération, car le zèle des habitants s’était déjà grandement manifesté pour la reconstruction de l’église à leurs frais. Les paroissiens se mobilisèrent de nouveau le 2 mai 1812, date à laquelle fût bénite une cloche de 1012 livres (coût 2 565 francs) et en 1818 une autre cloche de 774 livres.
Les premières réparations apparaissent en 1827, sous la restauration, et la commune met en avant sa fidélité à la monarchie durant la révolution pour supplier le régime de l’aider. On sait qu’en 1828 lors de son passage à Auray la duchesse du Berry, belle fille du roi Charles X, gratifia la commune de Crac’h d’un secours de 400 francs.
A la fin du siècle une restauration s’impose, estimée à 10 872 francs (35 000 € environ) par l’abbé Brisacier, curé du diocèse de Tours. Devant l’hostilité au projet de certains conseillers municipaux et le refus de la commission départementale fin 1896, aucune suite n’est donnée au projet.
Un nouveau projet présenté par l’abbé Brisacier reçoit l’approbation du préfet et le 21/01/1898.
L’adjudication est enfin passée avec l’entreprise Bernard. Le 31 Octobre 1898, les travaux sont terminés et l’église prend alors la physionomie que nous lui connaissons, pour une dépense totale de 12 361 francs (environ 40 000 €).
Les intempéries n’épargnent pas le bâtiment durant le début du XXème siècle, et le 13/02/1900 un ouragan renverse la pointe du clocher qui dans sa chute troue la toiture et la nouvelle voûte. En 1904, l’église reçoit trois belle cloches neuves. Deux ans plus tard, c’est un nouveau malheur : la foudre frappe le clocher, qui sera désormais muni d’un paratonnerre. En 1926, c’est une boule de granit qui tombe d’un des pinacles et la toiture sera refaite cette même année.
A partir de 1974, intervient une importante restauration qui a donné un nouveau visage notamment à l’intérieur de l’église.
En forme de croix latine, elle s’augmente d’une tour carrée à l’ouest et d’un porche au midi. Le clocher comporte trois étages inégaux et une flèche pyramidale. Un oculus orne le 2ème étage. Le clocher même est ouvert en quatre baies cintrées.
Les pilastres d’angles et une balustrade couronnent la tour.
Le porche porte un fronton où l’on peut lire : " ici, c’est la maison de Dieu et la porte du ciel ". A l'intérieur du porche, deux bancs de pierre s'adossent aux murs et un bénitier important est encastré près du portail d'entrée.
L'intérieur de l'église
La nef est dallée de pierres. Les ailes du transept s'ouvrent par d'audacieux arcs en plein cintre, lequel prend place sur un podium circulaire. Le buste et le bras reliquaire de Saint-Thuriau contribuent à la richesse du sanctuaire. (Les reliques de ce saint furent apportées au duc de Bretagne au château d'Auray puis confiées à la paroisse de Crac'h). Du grand retable de chevet en triptyque de l'église précédente, il ne subsiste que les colonnes à chapiteau corinthien encadrant le tableau : " Descente de croix " de Jouvenet, dont l'original de 1700 se trouve au Louvre et séparant les statues de Saint-Thuriau (Turiaf) et Saint-Clair. Les retables latéraux comportent des chutes de fleurs et des guirlandes surmontées de visages d'angelots. Les tableaux ont été restaurés au cours de l'année 2000. Il s'agit au Nord de " La donation du rosaire " : le personnage de gauche aux pieds de la Vierge serait St Dominique et le chien, symbole de fidélité, porte dans la gueule le flambeau de la foi. Côté Sud, l'autre tableau "la Vierge, Ste-Anne et St-Joachim" peint par F. Baret date de 1882. D'autres statues enrichissent l'église : St Isidore, St Mathurin, N.D. de la clarté à gauche, et à droite, St Thuriau, Ste Appoline (invoquée contre le mal de dents, la tenaille évoque son martyre) et St Avertin contre les maux de tête (les "Avertin" étant sujets aux vertiges). Au fond de l'église, une vaste tribune repose sur quatre colonnes aux chapiteaux corinthiens et sa balustrade s'orne de deux anges rapportés de l'ancien autel. L'orgue provient de Sainte-Anne d'Auray.
Vitrail de l'église St-Thuriau
Souvenir de la chapelle St-Yves
Les restes de la Chapelle Saint Yves
Dans l’ancien enclos du cimetière existait une chapelle dédiée à Saint-Yves, où l’on chantait la messe le 19 mai, fête du Saint, au lendemain de la révolution. Elle reçut une nouvelle cloche en 1867, des reliques de Saint Louis et Sainte Hélène en 1875. Elle servait alors de chapelle à la Congrégation. L’entretien y fût assuré jusqu’en 1933, mais elle n’était plus utilisée que pour le catéchisme. Les réparations y étaient trop importantes et elle fût détruite en 1960.
Les pierres de sa démolition ont été utilisées pour l’édification du pignon situé à l’angle sud-ouest de l’enclos de l’église, et on retrouve le cintre mouluré en cavet d’une fenêtre dans l’ouverture. Entre la porte et le clocheton carré, une petite niche contient une statue en granit de Saint-Yves. A gauche de l’ouverture un bénitier circulaire a été encastré dans la maçonnerie.
Ecologie
La voûte de la nef abrite une colonie de chauve-souris, des grand murins (30 cm d'envergure) répertoriés par la L.P.O. (Ligue de Protection des Oiseaux). C'est une espèce rare et protégée.
Isabelle dans le costume traditionnel breton des Années 1920, devant la porte de l'ancienne chapelle St-Yves.
L’ossuaire et la croix du cimetière
L’ossuaire, autrefois adossé à l’église, a été transporté en 1891 dans le cimetière et disposé en appentis sur le mur du fond. Sa façade toute en longueur présente à la base un muret à corniche saillante, au dessus d’une claire-voie faite de quatre séries de balustres séparées par de courtes piles et enfin un larmier sous la toiture. Plus ample, la pile centrale porte une inscription avec l’emblème de la mort : un crâne et des tibias croisés, et elle est dominée par une petite croix.
La croix du cimetière présente l’intérêt d’avoir un soubassement en tronc de pyramide à table débordante. Il supporte un socle polygonal dans lequel s’enfonce le fût également polygonal. La partie supérieure dessine un petit panneau sculpté vers l’est du Christ en croix avec à ses côtés la Vierge et Saint Jean, et au revers du Christ en majesté, entre deux personnages dont un porte couronne. Une petite croix domine l’ensemble.
Dans le cimetière, ossuraire et croix.
La statue de Saint-Thuriau dans l'église
Qui est Saint-Thuriau ?
Saint-Thuriau est né en Bretagne armoricaine ; les historiens tendent à le situer au VIIème siècle. Il enseigna au monastère du Ballon (près de Redon) puis compléta sa formation au monastère de Dol. Il prit la tête de ce monastère, puis dirigea le diocèse de la partie Nord-Bretagne appelée à cette époque, Domnonée. On lui reconnaît le don des miracles.
Inhumé dans son monastère, ses reliques furent transportées à Saint-Germain des Prés à Paris et conservées jusqu’à la révolution. L’évêque de Vannes Guéthénoc (1220) obtint de l’abbaye parisienne une relique insigne de Saint-Thuriau, ce qui explique le développement de son culte dans le diocèse. Il fût honoré à la cathédrale, mais aussi dans plusieurs paroisses. Il fut choisi comme Saint-Patron à Berric, Crac'h et Plumergat. Vers 1748, l'église reçu une importante relique du Saint-Patron, relique qui a traversé la révolution et a été placée dans le bras reliquaire que nous connaissons.